Arbres du Sénégal : promouvoir les essences locales – Au Sénégal, le cœur du Sénégal (2024)

Arbres du Sénégal : promouvoir les essences locales – Au Sénégal, le cœur du Sénégal (1)

L’importance de valoriser les espèces d’arbres indigènes est bien évidente dans un monde en perte de biodiversité et exposé aux changements climatiques. Un article d’Helena Arroyo pour promouvoir les essences locales.

Chaque pays présente un patrimoine végétal local qui a évolué sur place et qui, en conséquence, s’avère particulièrement bien adapté aux conditions climatiques locales, à la pluviométrie, au sol et aux autres espèces de la faune et de la flore. Les espèces indigènes accroissent la biodiversité, augmentent les qualités physiques et biologiques du sol, fournissent de la nourriture, servent d’abri à de nombreuses espèces animales (oiseaux, insectes, petit* mammifères).

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La vision des agronomes et scientifiques des années 60 et 70, en particulier, a été de distribuer des espèces animales et végétales partout au monde, en pensant avant-tout aux intérêts économiques et non aux impacts sur l’environnement et sur les espèces locales. Plusieurs espèces ont été introduites de façon accidentelle, causant des dommages irréparables et la disparition d’espèces locales et endémiques (celles que sont présentes dans une zone géographique déterminée seulement).

L’introduction des espèces dans la zone des Niayes

Dans la zone des Niayes (nord de Dakar), il y a eu une introduction, dans les années 60, des filaos ou casuarina (Casuarina equisetifolia), un arbre australien qui ressemble au pin, sans être de la famille des conifères. Cette bande de filaos a été mise en place dans le cadre d’un projet canadien et sénégalais de lutte contre l’ensablement des cuvettes maraîchères. Selon les recherches disponibles à l’époque, c’était l’espèce la mieux adaptée aux conditions arides et la plus apte à fixer les dunes.

Les multiples usages des arbres par les producteurs maraîchers des Niayes

Dans la gestion des champs:
• haies vives,
• brise vents
• désalinisation
• fixation de l’azote
• ombrage pour les cultures et les animaux
• apiculture

Dans la production:
• compost
• fruits commerciaux
• fibres
• bois
• huiles
• nourriture pour animaux
• produits médicinaux

De la méconnaissance à la vulnérabilité des espèces locales

Les espèces locales sont dans certains cas des espèces vulnérables ou même en péril et le fait de mieux les connaître pourrait favoriser leur propagation et leur conservation. Par ailleurs, certaines espèces étrangères utilisées sont même considérées comme envahissantes et par la suite difficiles à éradiquer. La question de l’origine des espèces n’est pas souvent prise en considération parce qu’elle est méconnue. Nous savons cependant que des alternatives locales mieux adaptées pourraient être utilisées à la place.

Connaître les espèces indigènes aide à valoriser la biodiversité locale, à choisir les espèces pour des projets de reforestation, à faire la différence entre les ressources locales et celles importées. En général, ça fait partie des points importants de l’éducation relative à l’environnement.

L’omniprésence d’espèces exogènes au détriment d’espèces indigènes

Au Sénégal, on remarque la présence dans les villes des arbres suivants:

  • Neem (Azadirachta indica) originaire de l’Inde, utilisés comme pesticides naturels et ayant des propriétés médicinales
  • Flamboyants (Delonix regia) de Madagascar avec de belles fleurs rouges
  • Manguiers (Mangifera indica) de l’Asie du Sud.
  • Moringa (Moringa oleifera) de l’Inde, pour certaines ethnies il porte malheur car attire la pauvreté, c’est pourquoi en général, on le trouve plutôt dans la brousse mais pas dans les habitations. Les feuilles ont tellement de propriétés médicinales qu’on les appelle ici Nebeday venant de Neverdie en anglais (ne meurt jamais).
  • Bougainvilliers originaires du Brésil (Bougainvillea spectabilis) aux fleurs fuchsias qu’ornent les villas.

Dans les champs, utilisés comme brise vents, haies vives ou pour nourrir les animaux, on voit principalement:

  • Leucenas (Leucena leucephala) de Mexique et Amérique central, un favori dans la fixation d’azote et comme fourrage pour les animaux
  • Acacia mellifera d’Afrique de l’Est et du Sud
  • Épines de Jérusalem (Parkinsonia aculeata) considérés comme une espèce envahissante et d’origine américaine en dépit du nom commun, mis en place comme haies vives.

Vers la disparition d’espèces locales?

Mais où sont- les espèces locales? Pourquoi ils ne font pas tellement partie des efforts de reforestation même des organismes que travaillent dans le sujet? Quelle place leur laissons nous, si on cultive la région, et des que il y a un espace pour les arbres on met des espèces importées?

«On assiste depuis peu à une toute petite végétalisation urbaine, pourquoi utiliser des cocotiers, palmiers ou autres arbustes qui n’ont absolument rien à voir avec les origines du Sénégal, ils ont peu d’intérêt, pour le sol, pour l’ombre qu’ils peuvent procurer et une durée de vie limitée.»Planter des baobabs ou des kalicedrats au milieu des ronds-points serait magnifique pour plusieurs générations". Assane Gueye environnementaliste

Une visite de la bande de filaos montre nulle présence des espèces animales, autre que les chèvres et moutons des paysans. Mais voilà, dès qu’on sort on commence à voir une végétation plus mélangée, ils apparaissent les oiseaux, les coucals, les tourterelles, les étourneaux, les perroquets.

Je suis étonnée dès mon arrivée de constater que reboisem*nt est synonyme ici de planter des eucalyptus australiennes (Eucalyptus camandulensis), des Leucenas, ou de l’américaine Prosopis juliflora que servent aussi à dessaliniser les terres.

Heureusem*nt il reste des espaces protégés ou trouver des baobabs (Adansonia digitata) centenaires, ou des bordures de routes avec de beaux Acacia seyal à l’écorce rougeâtre.

Espèces locales et propriétés associées

Suite à ce constat, il me semble important de plaider en faveur d’une meilleure connaissance des espèces locales et de leurs vertus:

  • Moringa africain (Moringa stenopetala) de Kenya et Éthiopie aussi médicinal (idem au moringa d’Inde), nombreux usages en cuisine, infusion et décoction
  • Prosopis africana dont la sem*nce est utilisé pour faire des condiments fermentés
  • Kadd (Acacia albida ou Faidherbia albida) qui fertilise le sol. Ils sont en fleur à la fin de la saison des pluies quand les autres arbres ne le sont pas, ce qui représente un intérêt particulier en apiculture.
  • Acacia senegal, Acacia seyal ou suruur en wolof est un arbre considéré médicinal.
  • Euphorbia vertes (Euphorbia Turicalis) sans feuille et de croissance très serrés utile pour faire de très bonne haies vives
  • caïlcédrat (Khaya senegalensis) qui ressortent du paysage citadin avec les gros bosses dans la base de ses troncs. Exporté par les colons en Asie et en Australie, il est utilisé et comme arbre d’alignement, il constitue par exemple une des essences principales des rues de Hanoï, au Viêt Nam. Il a également été introduit en Nouvelle-Calédonie, en zone urbaine uniquement.
  • Kinkeliba (Combretum micranthum) pris au Sénégal en infusion ou décoction au petit-déjeuner, pour la coupure du jeûne ou pour lutter contre un état de fatigue général
  • Ébène (Diospyros sp.) dont le bois est tellement apprécié que, même si la récolte est réglementée, met l’espèce en danger.
  • Les fromagers (Ceiba pentandra) de Mésoamérique, mais aussi de l’Afrique tropicale.
  • Le baobab (Adansonia digitata), l’arbre du Sénégal par excellence, gorgé de symbole et de vertus pour la santé de tous. Arbre national du pays, personnage important dans «Le Petit Prince», décor immanquable du paysage de la teranga, en plus, un arbre dont on utilise tout! A part les fruits et les sem*nces, on mange les feuilles en bouilli et pour le laalo du tiéré, les racines et jeunes pousses sont consommées comme des asperges et les fibres de l’écorce peuvent être tissées.
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Pour une meilleure connaissance des arbres, une cohabitation des espèces et une éducation au respect de la biodiversité

Je comprends que les producteurs voient l’intérêt économique en priorité, je comprends aussi que des fois les gens priorisent des espèces qui s’adaptent aux conditions arides de la région, et qu’en une époque de changement climatiques, certaines espèces locales ne soient plus autant adaptées à leur milieu d’origine et aux conditions.

Mais je pense qu’il faut aussi tenir compte de la biodiversité locale, lui laisser une place dans les champs et les cultures et penser aux autres espèces originaires de la place que partagent l’espace avec nous.

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Author: Jonah Leffler

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